Astrologie sidérale ou tropicale ?

 

 

En astrologie, voilà un sujet capital, objet de division, de controverses, il y a les pro-ceci et les anti-cela.
Dans un premier temps, cernons les différences, ensuite voyons en les conséquences.
Je terminerai par quelques recommandations de lecture.

Les différences

La grande majorité des astrologues (90% en francophonie, moins en Allemagne et encore moins en pays anglo-saxons, pas du tout en Inde) pratiquent l’astrologie dite tropicale. Les autres, un nombre allant en s’accroissant au fil du temps, utilisent ou réutilisent l’astrologie dite sidérale.
Pourquoi tropicale, pourquoi sidérale? Sidérale parce qu’en rapport avec les étoiles, la voûte céleste; tropicale parce qu’en rapport avec l’équateur terrestre et les tropiques.
Universelle pour l’une, terrestre pour l’autre.

Un peu de cosmologie

A une même période de l’année, et depuis un même endroit, avec un repère précis, nous pouvons regarder une étoile, prenons Sirius par exemple. Et d’années en années, nous la verrions toujours au même endroit. C’est pour ça d’ailleurs que ces étoiles sont appelées “fixes” par rapport aux planètes. Enfin fixes, ce n’est pas tout à fait exact. Imperceptiblement il y a un petit décalage (un degré tous les 72 ans). D’accord, ce n’est pas grand chose (50 secondes d’arc par an) mais avec une patience d’ange, 72 ans multipliés par 360 degrés, nous réaliserions ainsi le tour complet. 72 x 360 = 25.920 ans, une année appelée platonicienne.

Pourquoi ce décalage?
Il est le résultat entre deux mouvements.
Résumons les mouvements de la Terre:
– premier mouvement de la Terre: elle tourne sur son axe en 24 heures. Rotation.
– second mouvement: elle tourne autour du Soleil en 365,25 jours. Révolution.
– troisième mouvement: l’axe de la Terre, passant ses pôles oscille sur lui-même, très lentement. Comme l’axe d’une toupille en fin de course. Cette oscillation s’appelle la nutation, dont le mouvement complet se fait en … 25.920 ans. C’est un des deux mouvements amenant à voir Sirius se déplacer imperceptiblement dans le ciel.
L’autre mouvement à prendre en compte n’est pas en relation stricte avec la Terre, mais avec tout le système solaire. Il est entraîné dans une révolution autour du centre galactique. Ce mouvement , quoique réel, n’intervient pas dans nos calculs: le système solaire fait sa révolution dans la voie lactée en 240 millions d’années !

Résumons: le 3e mouvement de la Terre, la nutation, fait varier l’observation d’une étoile depuis un point fixe d’un degré tous les 72 ans, de 10 degrés tous les 720 ans, etc.
Ce troisième mouvement de la Terre engendre ce qu’on appelle la précession des Equinoxes, mouvement connu depuis des lustres.
Quand les astrologues de l’Antiquité devaient spécifier l’emplacement d’une étoile, ils se référaient aux conditions dans lesquelles ils observaient le ciel. 360 ans plus tard, leurs successeurs,  parlant de la même étoile, la voyaient avec 5 degrés de décalage ! Au fur et à mesure, la transmission des connaissances pâtissaient de cette situation. Si bien qu’à un certain moment, Hipparque, astronome et astrologue du 2e siècle avant JC proposa à la communauté astronomique d’utiliser un étalon commun, une convention intellectuelle, de telle manière à ce que, depuis n’importe quelle époque, on puisse baliser la position d’une étoile de manière commune. C’est la naissance du zodiaque tropical.

Les conséquences

Jusque là, les repères étaient mouvants parce qu’en rapport avec la position de la Terre par rapport à la voûte céleste. Par l’usage du zodiaque tropical, les repères deviennent fixes parce qu’en rapport avec une condition terrestre (provisoire) d’inclinaison de son axe, faisant se couper deux plans, l’équateur terrestre et l’écliptique. Et ça, ce croisement, il se fait d’années en années, de siècles en siècles, de millénaires en millénaires , toujours à la même unité d’espace-temps, aux équinoxes de printemps et d’automne.
Avouons, le truc est génial! Tout le monde parle de choses en utilisant une même manière de mesurer la place d’un corps céleste et son mouvement.Et donc encore maintenant, plus de 2000 ans après, le truc génial est toujours utilisé par la communauté astronomique.

Est-ce que ceci concerne l’astrologie? Oui, pour mesurer, non pour interpréter. Oui, ainsi tout le monde situe l’étoile, le corps céleste, dans le ciel, de la même manière. Mais situer est une chose, interpréter en est une autre.

Petit retour en arrière: avant le zodiaque tropical, avant le zodiaque sidéral, il y a tout bonnement le zodiaque. Beaucoup de traditions témoignent de l’importance d’une partition en 2, en 3 et en 4 d’un ensemble cohérent, d’un zodiaque.
Deux, par exemple, se retrouvent dans l’impair et le pair, le masculin et le féminin, le yang et le yin, une chose et son contraire, le chaud et le froid, le sec et l’humide, etc.
Le trois se retrouve dans quasi toutes les traditions: la Trinité, le Père, la Mère et le Fils, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, Osiris, Isis et Horus, … L’Un engendre le Deux, Et la relation entre ces 2  engendre le Trois, et le Trois engendre le Quatre, symbole de l’unité dans la matière, symbole de ce qui est engendré par la Trinité.
Le Feu, la Terre, l’Air et l’Eau; le 4 engendrant le 5; les 4 éléments en engendrent  un 5e, l’éther.
Toute chose peut ainsi se caractériser sous les 3 perceptions, du 2, du 3 et du 4. Et le plus petit commun multiple de 2, 3 et 4 est 12. On retrouve ce 12 dans le zodiaque, dans le nombre symbolique des apôtres, dans la répartition de l’année en 12 mois, dans les 12 branches de l’astrologie chinoise et son calendrier solaire, etc.
Ainsi, un zodiaque, c’est un ensemble cohérent, une unité, qui, par perceptions sous divers angles, se comprend en un certain nombre de parties, toutes particulières certes, mais relevant des caractéristiques du tout dont elles sont issues ! Nous sommes dans un monde holographique, disent aujourd’hui les scientifiques. La science ancestrale et traditionnelle n’a jamais dit le contraire. L’iridologie étudie l’œil comme un zodiaque, la réflexologie plantaire comprend le pied comme un zodiaque, etc.

Un zodiaque, à l’échelle du Cosmos, peut se comprendre comme une gigantesque couronne d’énergie présidant à l’ensemble du vivant manifesté. Autour de la Terre, autour de notre système solaire, autour de notre Voie Lactée, préside aux choses un ensemble cohérent d’Energies. Cet ensemble, on peut le comprendre comme Un, mais on peut l’aborder aussi comme une partition de douze parties, de douze “Signes”, pour autant que l’on garde à l’esprit que chaque Signe relève de l’ensemble, en a toutes les caractéristiques. Mais, certes, chaque Signe témoigne plus particulièrement d’une facette de cette énergie globale.

Nous voilà, et pour le coup nous pouvons utiliser l’expression, depuis la nuit des Temps, baignant dans un Océan d’énergie dont il apparut opportun aux regards connaissants des Traditions de le partitionner en douze parties.
Plus tard, bien plus tard, très récemment en fait au regard du Temps, il y eut un regroupement de certaines étoiles en constellations. Ce n’est pas seulement par didactisme que ces regroupements furent adoptés; c’est que, par l’observation, et une Haute Instruction, ces zones du zodiaque témoignaient de certaines particularités. Un Signe zodiacal sidéral n’est pas une constellation, il lui est antérieur. Une constellation évoque un Signe sidéral, tout en restant deux choses différentes. Le zodiaque sidéral des signes partitionne la circonférence en douze partie égale. Les constellations sont des regroupements plus ou moins opportuns, d’étoiles, aux éclats, aux éloignements multiples, mais relevant par l’observation ancienne d’une certaine logique en affinité, en analogie avec le signe sidéral dont elle porte d’ailleurs le nom.
Là, évidemment, par une dénomination commune, les anciens ne nous ont pas facilité la vie, et quand on constate que la partition du zodiaque tropical utilise également les mêmes dénominations, comprenons la facilité pour beaucoup de se fourvoyer.

Par ordre historique, il y a donc le signe sidéral du Bélier, puis la constellation du Bélier, et enfin le signe tropical du Bélier.

Encore un petit peu de cosmologie: la Terre est actuellement penchée de 23°. Tournant autour du Soleil, elle offre donc au Soleil, 2 fois par an, une situation médiane, les équinoxes, là où la partie de jour et la partie de nuit sont en parfait équilibre. C’est le moment où le plan de l’Equateur terrestre coupe le plan engendré par la révolution de la Terre autour du Soleil, le plan de l’Ecliptique.
Au fil des saisons, si nous partons de l’équinoxe du printemps, nous verrons le temps du jour augmenter jusqu’au solstice d’été, dans l’hémisphère nord, et le temps de nuit augmenter dans l’hémisphère sud. Pour revenir vers un équilibre à l’équinoxe d’automne, et avoir le phénomène inverse allant vers le solstice d’hiver. Remarquons bien les caractéristiques s’inversant lorsque nous sommes dans l’hémisphère nord ou sud.
Ne perdons jamais l’ambition de conserver ou trouver le caractère universel en toute chose ! Il n’y a pas une astrologie pour les gens du nord, astrologie que l’on pourrait adapter aux gens du sud par inversion des caractéristiques. C’est tentant mais faux. Quand , dans nos interprétations, nous fonctionnons en axe (Taureau-Scorpion, Maison III-Maison IX, etc.) nous ne devrions jamais fonctionner avec une définition et son contraire, mais avec un jeu de complémentarité.

Bref, l’idée de trouver un langage commun, de faire qu’en tous lieux, toutes périodes, dans la communauté d’astronomes, on définisse les choses de la même manière, est tout à fait remarquable, signe d’une ouverture culturelle de l’époque, ambition de partager, d’échanger les connaissances , les observations, etc. C’est grosso modo l’époque de Tchouang Tseu en Orient, de Platon dans le bassin méditerranéen.
Et de manière parfaitement opportune, Hipparque proposa comme point de départ le moment où le plan de l’écliptique coupe le plan de l’équateur au printemps. Il le définit comme le 0° sur 360.
Coïncidence, quand tu nous tiens, c’est l’époque où ce point, projeté sur la voûte céleste correspond à peu près au 0° du Bélier sidéral. Et Hipparque décide de générer, à partir de ce point de croisement entre deux plans, un zodiaque de 12 signes, en reprenant les mêmes dénominations que pour le zodiaque énergétique sidéral !

A l’époque, les zodiaques étant alignés entre eux, la confusion ne prêtait pas à conséquence, d’autant plus qu’aucun astrologue n’avait jamais utilisé que le zodiaque sidéral et qu’ensuite tous ont continué à l’utiliser. Aujourd’hui, 24 fois 72 ans plus tard, il n’y a pas moins de 24° d’écart entre les deux zodiaques.
Ce ne fut donc pas directement que la confusion régnât, ça date grosso modo des années 800 après JC. L’astrologie occidentale au main de l’église à l’époque aurait-elle incidemment ou sciemment commis l’erreur de confondre mesure et interprétation? Chacun peut s’en faire une opinion, mais ne la faites peut-être qu’après certaines recherches …

Les conséquences aujourd’hui ? Quatre fois sur cinq, en utilisant le zodiaque intellectuel tropical, nous sommes dans l’erreur. Nous attribuons 4 fois sur 5 les caractéristiques d’un zodiaque tropical sans énergie, zodiaque intellectuel quoique très utile, pâle copie du zodiaque sidéral énergétique! Et patience et longueur de temps: dans 6 x 72 ans , soit 450 ans, nous le ferons 5 fois sur 5, si nous poursuivons dans la voie erronée du tropicalisme.

Alors que faut-il penser de tout cela?
Quand nous regardons Sirius, convenons entre nous, francophones, anglophones, hispanophones, …, orientaux, occidentaux, du nord et du sud, qu’elle se trouve à 13° du Cancer Tropical, et ainsi nous parlons la même langue. Cela ne l’empêche pas d’être, dans le zodiaque sidéral, à 19° des Gémeaux, et ça pour un bon bout de temps! le fait de la situer en Cancer tropical ne lui donne aucune caractéristique du Cancer, elle garde bien évidemment ses caractéristiques Gémeaux.

 

Une chose encore.

La carte n’est pas le territoire. La représentation que l’on se fait de soi n’est pas la réalité, d’autant si cette réalité fut façonnée par le monde extérieur, lectures, etc.
Personnellement, j’ai pratiqué en tropical jusqu’en 2015. Ensuite, j’ai pratqiué en sidéral, en constatant instantanément une précision en consultation. Mais certaines personnes connaissant leur Ascendant tropical ou leur signe tropical de Soleil se rendaient compte par mes propos d’une certaine différence, et les réactions furent multiples. La majorité se sont senties touchées à l’âme par les propos, mais certaines se braquaient, ne voulant correspondre en tout point qu’aux représentations qu’elles s’étaient affublées par leurs lectures, discussions, et relevant du tropicalisme. Mais pas une d’entre ces personnes n’a ensuite émis le sentiment d’être moins comprise en essence. Aujourd’hui, en consultation, je ne spécifie que rarement le zodiaque que j’utilise. L’important est ailleurs.
Comprenons bien que l’important est de sortir de l’image pour aller dans l’être.

Je vous convie à quelques lectures, qui vous permettront d’aller plus loin dans ce sujet:

Spécifiquement sur cette question sidérale – tropicale :
– Jacques Dorsan,  Retour au Zodiaque des Etoiles, Editions Dervy
– Maurice Nouvel, Le vrai zodiaque est sidéral, Editions Pardès
– JP Michon, Les 12 clés du double zodiaque, Editions Du roseau

Un petit bouquin, incroyablement riche en clarté et précision:
– Yves Christiaen: la cosmographie , Editions Dervy

Quelques livres parmi bon nombre, sur le thème général du zodiaque:
– Albert Nègre, Les clés du zodiaque, Editions Flandre-Artois
– Dane Rudhyar, Le rythme du Zodiaque, Editions Du Rocher
– Albert Slosman: Le zodiaque de Dendérah, Editions du Rocher

Et un incontournable quant à sortir des représentations que l’on a de soi et des choses:
– Krishnamurti: Se libérer du connu, Editions de poche

Jean-Loup Gobert, février 2021

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